Vidéo Club

Avec Yvan Attal et Noémie Lvovsky

Opéra Grand Avignon

Dimanche 10 Novembre 2024 à 16h

Dans le splendide théâtre de l'Opéra du Grand Avignon, une atmosphère feutrée enveloppe le public qui prend place et profite de ce moment d’attente pour admirer le décor somptueux du théâtre.

Peu à peu, les conversations s’interrompent,la magie du théâtre opère déjà avant même que le rideau ne se lève, dans ce lieu où chaque pierre et chaque ornement racontent l’art, le talent, et la passion des artistes et artisans qui ont donné vie à cet écrin de beauté.

Les premières notes de musique résonnent, les conversations s’interrompent et le rideau s’ouvre sur un appartement élégant, une belle cuisine où un couple,marié depuis 25 ans pense que tout va bien jusqu’à qu’ils se retrouvent confrontés à leur propre image.

Ils découvrent en effet une webcam anonyme, pointée sur eux qui capte avec une précision clinique leurs engueulades et mesquineries quotidiennes, projetant devant leurs yeux, et devant ceux du public, une version brutale de leur intimité. Un miroir impitoyable où ils se découvrent, autant que nous découvrons leur univers fait d’hypocrisie et de petites trahisons.

La mise en scène Jean-Louis Benoit nous offre ici, une comédie où l’humour caustique rencontre une analyse profonde des rapports humains. Une comédie mordante qui nous plonge au cœur des contradictions d'un couple en crise, où le quotidien se pare de non-dits et de petites bassesses exposées sans pitié.

Une pièce écrite par Sébastien Thiéry qui vise juste, mêlant humour grinçant et tragédie de la routine du quotidien. La caméra, presque un personnage à part entière, transforme l’intimité de ce couple en une scène d’autopsie conjugale. Vidéo après vidéo, la façade respectueuse de Justine et Jean-Marc s’effondre et laisse place à un jeu de mesquineries et de mauvaise foi qui nous fait rire autant qu’il nous gêne.

Sur scène, Yvan Attal et Noémie Lvovsky jouent avec brio ce duo de quinquagénaires aux habitudes confortables mais aux failles béantes. La performance de Yvan Attal est d’une finesse remarquable. Tour à tour cynique et fragile,prisonnier de ses habitudes et de sa suffisance, il imprime le rythme, se débat dans ses contradictions, tentant maladroitement de sauver les apparences avec une mauvaise foi évidente. L'acteur rend son personnage très humain, offrant aux spectateurs un regard privilégié sur cette dissection cruelle de l'ego masculin.

Noémie Lvovsky, apporte une complexité touchante, une femme au sarcasme affûté, parfois fragile, parfois hilarante, parfois inquiétante. Ensemble, ils incarnent un couple à la dérive, leurs échanges incisifs, d’une drôlerie cruelle, font mouche. Les répliques fusent, ils se lancent dans une joute oratoire qui alterne entre causticité et moments de pure extravagance .Ils nous entraînent dans un crescendo où le comique se teinte peu à peu de la douloureuse absurdité des rapports humains. Tous deux sont d’un naturel et d’une belle justesse et chaque mot, chaque regard, chaque silence devient le reflet de ces vérités que l’on préfère souvent taire. Une pièce à la fois drôle et déchirante, où l’on rit de l’autre comme de soi-même.

Méfions-nous des webcams, et peut-être même des vérités trop crues : après tout, certaines choses méritent peut-être de rester dans l’ombre.

Et nous ,serions nous prêts à voir tous nos défauts sans filtre ?

Une pièce puissante et impitoyable . Un véritable régal.Une scène jubilatoire avec l’intrusion de l’énigmatique gorille ...joué par Paolo Mattei  Le public a beaucoup ri et longuement applaudi, un beau moment de théâtre.

Fanny Inesta

Pièce de Sébastien Thiéry

Mise en scène : Jean-Louis Benoit

Avec Yvan Attal et Noémie Lvovsky et Paolo Mattei

Décors : Edouard Laug

Lumières : Jean-Pascal Pracht

Vidéos : Muriel Habrard

Accessoiriste : Bénédicte Farago

Costumes : Chouchane Abello- Tcherpachian

Chorégraphie : Georgia Ives

Collaboration artistique : Ninon Brétecher et Antoine Courtray