Toute l’histoire de la peinture
FESTIVAL OFF AVIGNON 2021
Conditions des soies
En général, lors du festival d’Avignon, je vois du théâtre. Aussi, un peu sceptique lorsque l’attachée de presse Dominique Lhotte me conseille d’aller à ce spectacle. Je pensais découvrir une conférence académique, un peu ennuyeuse sur l’histoire de l’art. Elle a insisté, et comme elle a bien fait !
Une immense mosaïque de diapos de très haute définition comme décor. 4000 tableaux vus, revus et photographiés un par un, par Hector Obalk. Un assemblage époustouflant, un travail titanesque où seule la passion peut conduire. Hector Obalk historien et critique d’art, réalisateur de la série Grand Art sur Arte, s’empare de la scène, se livre sur ses sentiments, sa conception de l’amour, de l’amitié et surtout de la fidélité. C’est celle qui nous amène et nous immerge dans la peinture au travers de sept siècles. Plaire et instruire, partager ses émotions sans les imposer, faire surgir les nôtres seront l’état d’esprit dans lequel il nous embarque. Lorsque la vue et la parole se rencontrent dans les hauteurs, le temps est suspendu. Il commence au XVème siècle où la technique était sommaire, passe des arts primitifs jusqu’à l’art moderne, puis choisit, éclaire, zoome un tableau, s’élance dans le temps. Il n’y a pas d’interprétation, il ne cherche pas de l’œuvre qu’elle veuille dire quelque chose, qu’elle contienne un secret ou un symbole caché. Il nous invite à voir en profondeur, à sentir, à percevoir. Il décrit de façon minutieuse, isole un petit détail, un orteil à peine dévoilé, des lapins écrasés passés inaperçus, tout est dans la nuance, dans l’élégance de son regard et de son intelligence. Son langage, même dit-il malicieusement, s’il s’adresse à nous comme il le ferait à des martiens, est clair et accessible. D’anecdotes historiques et instructives, il va à l’essentiel, pointe un tableau et ses anomalies qui dans ses yeux deviennent des grâces, se joue d’humour et d’espièglerie par des phrases taquines et on n’a surtout pas envie que cela s’arrête. On écoute, on regarde, on admire… Il permet de rendre compréhensible son spectacle au plus grand nombre sans en diminuer la portée. C’est un magicien de la parole et de la connaissance de la peinture. Des interludes musicaux joués à la contrebasse relient tout en subtilité les différentes époques des œuvres. En principeà Paris et même à l’Olympia, ce spectacle dure deux heures… mais nous sommes à Avignon… réduit à une heure. Tant de choses encore à découvrir, nous sommes un peu frustrés… et lui aussi. Il propose de continuer la deuxième partie en jours pairs ou impairs. Quelle belle idée… Nous sortons avec la folle envie que cela se réalise, et avec une grande envie aussi, d’aller vite au musée pour appréhender tous ces tableaux avec un regard neuf et davantage aiguisé… Un grand merci à ce tourbillon dans l’art de la peinture follement maitrisé. Longuement applaudi par le public lors de la première, c’était déjà complet. N’oubliez pas de réserver.
Fanny Inesta
de et avec Hector Obalk
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