Structurer mon désir
Lecture incarnée et mise en espace
le 16 juillet 2024 à 16h30 Conservatoire du Grand Avignon salle Olivier Messiaen
13 rue du Général Leclerc Avignon
le 17 juillet 2024 à 12h Espace Alya 31 bis rue Guillaume Puy Avignon
Dans le cadre des Lectures E.A.T Méditerranée
La première partie de cette pièce en écriture, débutée il y a plusieurs années a été lue et mise en espace par trois comédiens qui ont su nous emmener d’emblée dans l’univers singulier de Jimmy. Il se souvient de son enfance et de sa difficile, comprendre impossible, intégration scolaire. La différence fait défaut et, dans nos sociétés normées et normatives, les particularités, singularités, handicaps ou marques significatives d’individualité revendiquée, dérangent et suscitent les peurs de l’étrangeté, celle de l’altérité.
Jimmy parle en pensée. Les étiquettes-mots, ils les composent sur une portée où la clé n’est ni de sol ni de fa. Sa surefficience mentale le conduit à utiliser une langue qu’il crée et invente au fil des besoins et des émotions à formuler.
Christophe Lancia interprète avec la labilité émotionnelle due au regard des autres, un rôle où l’isolement occupe une place prépondérante. Il est seul face au milieu scolaire inepte et inapte à intégrer les valeurs de respect de la différence en lien avec la volonté d’intégration. Pire, ses parents dans leur ignorance qui ne rivalise pas avec le QI de leur fils, se permettent de considérer sa présence à la manière qu’ils pourraient l’envisager pour une plante verte. Sans considération pour sa personne, ils vont ainsi se lutiner à porter d’oreilles de Jimmy. Le père, Jean-Michel Guieu n’hésite pas à proférer des paroles plus que disqualifiantes, sur son fils devant lui. Il en parle comme d’un objet à sa femme, la comédienne Clin, et la mère de Jimmy ne semble pas s’en offusquer. De vraies maltraitances verbales, sont le lot du quotidien de Jimmy dans le huis-clos familial. Elles parachèvent les sévices psychologiques de l’exclusion scolaire par ses « faux camarades » et ses vrais tortionnaires.
Jimmy, encouragé par sa maîtresse, tente par la poésie de faire fi des difficultés d’expression. De là à inventer son propre langage il y a peu. La formulation comme une écriture cérébrale lui permet d’expurger, via une syntaxe personnelle d’émotivité et de ressentis respectés par lui, pour lui et en lui, toutes les vexations, tous les quolibets, tous les manquements parentaux signes patents d’un amour déficient. Alors la superbe colère et les maux hurlés en mots crachés à son père ont raison du personnage privé de souffle et de sons. Exit le père. Jimmy va se retrouver seule avec sa mère… Une renaissance ? Un matricide ?
L’interprétation de cette mise en lecture montre une belle compréhension des trois comédiens de l’écriture de Jean- Michel Guieu. Le texte signe une écriture très intéressante tant dans les thèmes quelle aborde que dans le style précis et percutant. Il conviendra donc de suivre attentivement cet auteur. La régie confiée à Adolfino Perez a assuré une belle qualité de son aux voix.
L’auteur, Jean- Michel Guieu qui s’est attribué le rôle difficile du père abruti, dans cette première partie, nous livrera bientôt la suite, du moins l’espérons nous lors d’une prochaine lecture mise en espace, en avant-première du festival 2025.
Nadine Eid
de Jean-Michel Guieu
avec Jean-Michel Guieu, Clin, Christophe Lancia
régie son Adolfino Perez
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