Scènes de forêt

Opéra du Grand Avignon

Vendredi 24 janvier 2025, 20 heures

Une fois de plus l’Orchestre National Avignon Provence (ONAP) nous a surpris avec un programme original, intitulé « Scènes de Forêt », comme une apologie à l’encontre des changements climatiques et les feux dévastateurs sur la côte ouest des États-Unis

Un programme avec trois compositeurs romantiques et un compositeur post romantique, voire déjà, un peu, moderne.

Schumann (1810-1856), avec « Walszenen » a ouvert la soirée avec une série de tableaux relativement courts mais intenses. Des scènes de forêt avec l’imaginaire et la réalité d’une forêt, tantôt magique avec des fleurs solitaires, des scènes de chasse, une cavalcade à travers les bois, un Lieu maudit, un Oiseau prophète et, enfin, un Adieu à la nature comme une sorte de prophétie vers d’autres temps pas forcément meilleur d’ailleurs.

Dvorak (1841-1904) fut le deuxième compositeur à entrer en scène avec la pièce « Waldesruhe » (Forêt calme), pièce pour orchestre et violoncelle. Comme une promenade tranquille eu cœur des bois, les instruments se complètent en toute harmonie et le violoncelle montre le chemin aux instruments de l’orchestre. L’insouciance du romantisme dans toute sa splendeur, permettant aux spectateurs de plonger dans des rêves éveillés.

Ralph Vaughan Williams (1872-1958), compositeur anglais, n’est pas, à proprement dit, un compositeur romantique mais plutôt postromantique et fortement inspiré par des musiques traditionnelles.

Sa pièce, Dark Pastoral, titre énigmatique est né d’un projet de concerto pour violoncelle de Vaughan Williams et mis en musique par David Matthews.

J’aime particulièrement les compositions de Vaughan Williams car il établit ce lien entre musiques traditionnelles et création symphonique, au même titre que Antonin Dvorak , en une sorte de continuité musicale et forme ainsi un passage du postromantisme vers la modernité sans tomber dans une nostalgie malsaine.

Le concert s’est terminé avec la symphonie n° 4 « Tragique » de Franz Schubert (1779-1828). Cette symphonie a été composé à l’âge de 19 ans et intitulé par Schubert lui-même comme symphonie tragique et fait preuve d’une maturité absolue où l’on ressent, avec force, tout ce poids d’un romantisme, qui peut nous sembler exacerbé mais  important pour cette époque. Tristesse profonde, joie exagérée…. Aussi bien dans les compositions musicales, dans la création littéraire ou encore dans l’art pictural et dans l’architecture, tout était fait pour émouvoir le spectateur au plus profond de son âme.

Encore une fois, l’orchestre nous a ému et captivé par sa maturité et son homogénéité et la direction par Raphaël Merlin n’y était pas pour rien.

Ce violoncelliste de formation déjà entendu dans d’autres lieux au sein du quatuor Ebène, évolue avec grâce vers la direction d’orchestre et montre comment diriger un orchestre avec maestro, tout en jouant son instrument, le dos tourné aux instrumentistes.

Lorsqu’un chef d’orchestre joue lui-même d’un instrument, il lui semble peut-être plus naturel d’imaginer la manière d’interpréter une œuvre musicale.

En tout état de cause, Raphaël Merlin a démontré, tout comme l’ONAP, une remarquable maturité et une maîtrise éblouissante.

Cette soirée, en promenade au cœur de nos forêts, nous a délicatement mais avec acuité invités à prendre soin de la nature qui nous entoure, si fragile face à l’action de l’homme.

Adrian Retwoun

Direction musicale et violoncelle : Raphaël Merlin.

Programme proposé :

Robert Schumann – Waldszenen (orchestration de Ralph Breitenbach)

Antonin Dvorak – Waldesruhe

Ralph Vaughan Williams – Dark Pastoral

Franz Schubert – Symphonie n° 4 “Tragique”

Prochains concerts :

• Pierre et le Loup – dimanche 2 février 15 heures, salle de l’Étoile à Châteaurenard

• Pierre Génisson & Mozart – vendredi 7 mars 20 heures, Opéra Grand Avignon