Passage de la porte sud

Le Figuier Pourpre

6 rue Figuière 84000 Avignon

le 4 avril 2025 à 20h30

Photos: Lezarnumerik

Le Figuier Pourpre a proposé hier soir un très interessant spectacle, Le passage de la porte sud.

Marie Anne Kergoet aux côtés du contrebassiste Vincent Bauza tisse des liens sur le fil d’un équilibre précaire mais bien réel. Le corps de la danseuse sur fil se déploie sur le plateau en rappelant sans cesse l’ancrage à l’équilibre, celui qui inlassablement lui permet de marcher, tomber, se relever, marcher, tomber, se relever encore en une nécessité aussi vitale qu’une respiration.

Vincent Bauza avec Marie Anne Kergoet explorent les gammes des vibrations, visite les sons et les prolongements des continuités. Il est question de rythme aussi qui s’harmonisent ou pas aux mouvements de l’équilibriste ; marcher et chuter dans le filet, le public et son regard, ses attentes, le cirque comme un rendez-vous, le chapiteau, tout et tous s’invitent dans l’écriture qui tend parfois à presque trop suggérer ou pas suffisamment peut-être car la signifiance du corps en mouvement est souvent plus explicite que les paroles, tout comme les sons de la contrebasse du reste. Les affres de l’expressivité et les possibles des liens renvoient toujours au point de basculement, celui qu’évite en le désirant probablement l’équilibriste.

La quête est partagée, elle et lui recherchent les liens, elle sur le fil et lui dans les cordes. Le corps de la danseuse rejoint les notes ou plus exactement leurs vibrations. Les cordes de la contrebasse aussi, partent à sa recherche. La quête est un duo et elle semble avoir une double finalité ; le point d’équilibre et l’écriture de ce point. Le texte épuré mériterait peut-être un peu de lien lui aussi afin que le public ne perde pas trop le fil… Mais après tout, ne faut-il pas savoir accepter de marcher et chuter, de suivre et se perdre pour découvrir ?

Qu’importe, c’est une sortie de résidence bien aboutie à laquelle le public a été convié et, nul doute que Wianney Qolltan’ qui en a assuré l’accompagnement artistique a oeuvré dans le sens de la créativité et de la suggestion. Tout part de la superbe image suggérée de ce pan de mur en plein champ, véritable page blanche vierge. Le fil semble bien être celui de l’écriture, celui qui conduit, dévoie, guide inlassablement l’auteur. La chorégraphie de Marie Anne Kergoet et les lumières d’Alain Igonet accompagnées de la musique de Vincent Bauza ont tissé des liens avec les textes co-signés. La chaleur de la convivialité du Figuier Pourpre, son ambiance intime et son accueil ont assuré le reste.