Olympia ou la mécanique des sentiments

FESTIVAL AVIGNON OFF 2017

Théâtre du Balcon

Quel univers ! une sorte d’opéra lyrico-dramatique, une plongée aux allures de science fiction. Dans l’Angleterre du XIXème siècle, au cœur d’un univers trouble, magique et inquiétant, un semi-brouillard dense et cotonneux, nous happe. Nous entrons dans un monde proche de celui de Tim Burton, où des êtres évoluent entre l’humain et le robot, mélange surprenant.

Lady Mary, femme sévère et tyrannique, a tout pouvoir sur son fils Othon, jeune savant fou passionné de formules mathématiques.

Vivant seul avec sa mère, il rêve de rompre sa solitude et décide de créer une formule, inventer une automate aux allures de femme parfaite !

Un univers très personnel ou une succession de tableaux à la fois saisissants, drôles et angoissants, vont tout à tour nous faire sursauter ou rire aux éclats. Le fantastique et l’onirisme s’épanouissent pleinement dans une joyeuse folie. Des décors fantasmagoriques, des réflexions piquantes sur les aléas du pouvoir, sur la manipulation, sur les relations humaines vont nous amener à nous interroger.

Peu à peu, les scènes échappent à tout contrôle, c’est drôle et enlevé. Le livre de Mme Bovary fera partie de la recette de sa future compagne, mais des ingrédients seront oubliés, l’automate ne sera pas idéale ! Les sentiments…, il lui manque les sentiments… Certainement l’essentiel !

Dans la pénombre, derrière des voiles, on aperçoit les virtuoses de la musique, un violoncelle, piano et clarinette, un trio musical qui joue brillamment ses partitions. La musique de Jérôme Boudin-Clauzel est totalement intemporelle, elle puise ça et là ses sources, participant à la rendre totalement décalée. Le plateau qu’arpentent en tous sens les acteurs chanteurs, le contre-ténor Luc Emmanuel Betton , Magali Paliès, mezzo-soprano et Estelle Andréa soprano, sont au même niveau de talent et de justesse, pas d’effet superflu… un travail impeccable.

On baigne dans l’univers de William Mesguich où le rêve côtoie le réel, l’émerveillement et la mélancolie. Son personnage d’Othon, interprété par Luc Emmanuel Betton, est si proche de lui oscillant entre un enfant mécanique soumis à sa mère et un jeune homme avide d’inventions.

Magalie Paliès, la mère, campe une sorte de rapace immense comme une construction gothique sombre et froide, elle est aussi un automate au double visage étincelant et inquiétant.

Estelle Andrea la sœur journaliste est tout en délicatesse et en sobriété, contre point des autres protagonistes car elle appartient au monde des vivants.

Une pièce d’une grande originalité où rien n’a été laissé au hasard, une plongée dans une autre planète qui nous sort d’un quotidien parfois morose.

Fanny Inesta

De Vanessa Callico

et Jérome Boudin- Clauzel

Avec : Estelle Andréa,

Luc Emmanuel Betton,

Magali Paliès,

Jérôme Boudin Clauzel,

Anne Leforestier,

Mimi Sunnerstam

Mise en scène : William Mesguich