Le sens de la vie est-il un sixième sens ou celui des aiguilles d'une montre?
Dernière mise à jour : 10 nov.
Théâtre de l'Oulle
Rue de la Plaisance Avignon
Sortie de résidence : le 8 Novembre 2024 à 20h
photos: F. Inesta
Le public était convié en ce vendredi 8 novembre à la sortie de résidence au Théâtre de l'Oulle, lieu dirigé par Laurent Rochut, figure emblématique de la scène théâtrale contemporaine. Les spectateurs, nombreux, ont répondu à l’appel pour assister au nouveau spectacle de Gauthier Fourcade, Le sens de la vie est-il un sixième sens ou celui des aiguilles d'une montre ?. Une soirée placée sous le signe de la découverte, où l'humour et la réflexion se sont mêlés .
Dès l’entrée en scène, le décor signé Blandine Vieillot, nous plonge dans l’univers poétique et absurde de Gauthier Fourcade. Deux échelles entrelacées, représentent un chêne entouré de boules de papier éparpillées comme autant de fragments de pensées ou d’étoiles égarées. C’est dans ce paysage énigmatique qu’apparaît un bébé sur le point de naître, symbole de l’innocence et de l’ignorance d’un homme en quête de réponses.
On plonge dans une aventure métaphysique où Gauthier Fourcade, perdu dès sa naissance, cherche son « mode d’emploi ». En quête d’un sens à sa vie, il cherche la fameuse « feuille de chou »d’où il est né, qui lui révélerait enfin la raison de son existence. Tout de clair vêtu, il incarne une figure presque angélique, dénudé des artifices du monde, un Petit Prince moderne, qui s’interroge sur la place de l’homme sur terre .
Ce « Devos maigre », comme on le surnomme affectueusement, ce génie du jeu de mots nous emporte dans une réflexion philosophique teintée d’humour et de poésie. À travers l’errance de son personnage, il offre une critique subtile de notre société contemporaine. Notre soif insatiable de progrès et de possessions, notre quête de « toujours plus », nous éloigne de l’essentiel et nous mène à l’auto-destruction. Avec une tendresse à peine voilée, Gauthier Fourcade nous met en garde contre cette course effrénée, dépeignant l’humanité comme des enfants égarés qui, à force de vouloir dominer leur environnement, finissent par en perdre la beauté et la simplicité. Un cri d’alarme déguisé en poésie, où la tendresse de ses mots accentue le contraste avec la gravité de son propos.
Son art de la langue et son maniement de l’absurde sont impeccables. Le comédien jongle avec les mots comme un acrobate, nous faisant passer du rire à des réflexions profondes où humour et poésie se mêlent pour créer un miroir de notre condition humaine.
Le dénouement du spectacle, accompagné des vers de Verlaine : « Mon Dieu, la vie est là, simple et tranquille », résonne comme un rappel de la beauté du présent. Gauthier Fourcade nous rappelle, avec une douceur teintée de mélancolie, que le bonheur réside dans l’instant, dans la simplicité des choses.
La mise en scène de Vanessa Sanchez se distingue par son approche épurée et symbolique. Un cadre onirique, une atmosphère intime et délicate, elle crée un espace qui laisse place à l’imagination et au questionnement.
Un spectacle à la fois tendre et incisif, une écriture diablement intelligente, où humour, jeux de mots et poésie se mêlent pour créer un miroir de notre condition humaine sans tomber dans la morale. Son approche pleine de tendresse rend son message encore plus percutant. Il nous titille l’esprit, nous invite à nous questionner sans culpabilité mais avec une douce urgence , sur notre propre quête de "toujours plus"qui nous éloigne parfois de l’essentiel.
Notez ce spectacle dans vos agendas!
Fanny Inesta
De et par Gauthier Fourcade
Mise en scène: Vanessa Sanchez
Décors et costumes: Blandine Vieillot
Ouah! quel article magnifique! Il faut dire que Gauthier Fourcade le mérite! Je n'ai pu hélas aller voir cette pièce mais j'irai dès que cela sera possible !