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Photo du rédacteurNadine Eid

Mardi à Monoprix


Monoprix 24 rue de la République Avignon mardi 9 juillet à 21h

BA théâtre

Place Pie Avignon

du 29 juin au 21 juillet 2024 à 10h relâche le jeudi




Jouer Mardi à Monoprix, il fallait l’essayer. Thierry Pina a transformé entre deux portants de vêtements soldés l’essai marqué par sa remarquable interprétation, il n’y a pas eu de mêlée tant le jeu est soutenu et sans faute.Tous les mardis, Marie-Pierre prend le train et  rend visite à son père veuf et âgé, afin de s’occuper des tâches ménagères que l’homme n’accomplit pas. Ménage, lessives et repassage, courses et cuisine dans un rituel hebdomadaire bien déterminé règlent leurs rapports marqués par le sceau de la distanciation. Marie-Pierre a un soucis constant de l’apparence, elle se vêt avec soin, se farde et harmonise les accessoires à sa toilette. Elle est belle et les hommes se retournent sur son sillage. Néanmoins, dans ce quartier où jadis, elle a grandi, les gens la reconnaissent et l’identifient dans sa différence et la dévisage. Marie-Pierre enfant s'appelait Jean-Pierre.


Prénoms bibliques que ces trois là réunit en deux noms composés !

Jean » le disciple que Jésus aimait » et Pierre qui a la charge de bâtir l’Eglise est celui qui  se construit dans son personnage féminin. « Déjà tout gosse j’étais fille en dedans »  pour devenir Marie-Pierre, elle n’aura de cesse de s’édifier dans le regard d’autrui car au delà de ce regard là c’est celui de son père qui est l’objet de sa quête. La pierre posée est celle de toutes les abnégations, de toutes les souffrances consenties au prix du sacrifice ultime de la Vierge. Elle est devenue Marie-Pierre, la métamorphose de ce qu’elle a toujours été en naissant Jean-Pierre, la mue de la chrysalide en papillon.


Sont évoqués sobrement et avec efficacité les thèmes afférents à la transexualité, l’isolement et la mise au ban de la société et de la famille, les brimades et les vexations en tous genres, l’intolérance et ses corollaires, violence et rejet. La colère, la solitude et la détresse sont le lot quotidien du combat mené par Marie-Pierre qui affirme avec sa douceur et sa générosité bienveillante sa légitimité d’être une femme. L’émotion était palpable dans le public attentif et les silences et temps de déplacements silencieux nous rendaient actants, personnages publiques posant un regard attentif à la souffrance exposée. Les questionnements sur l’injustice, sur la violation d’un des droits  fondamentaux élémentaires, sur les effets ravageurs des dénis familiaux, sur les violences faites à l’enfance…., nous ont tous peu ou prou assaillis pendant la représentation. Voir déambuler Thierry Pina en robe sur-genrée de Jean-Paul Gaultier, accueillir dans les nôtres son regard affirmé et confirmé par la souffrance acceptée, nous a cueillis/ies toustes sans clivage autre que celui de ceux ou celles qui parvenaient ou pas à retenir leurs larmes dans leurs yeux embués.


Bravo !

Les applaudissements fournis allaient aussi à la Directrice du Monop’ et à son équipe sans lesquelles cette représentation in situ n’aurait pu avoir lieu.

Qu’elles en soient remerciées chaleureusement !


A voir absolument.


Nadine Eid


Trophée du Meilleur seul en scène

Avignon Succès 2023

d’Emmanuel Darley

avec Thierry Pina

production Ah le Zèbre !

costume Jean paul Gaultier

musique David Mus & Emma Catlin

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Nous sommes Fanny Inesta et Jean-Michel Gautier, chroniqueurs indépendants et surtout passionnés de théâtre, d’expositions, et de culture en général. A ce jour, nous créons notre propre site, avec nos coups de coeur et parfois nos coups de griffes… que nous partageons avec vous.

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