Le Jeu du Nous

Le Jeu du Nous, le concert conté de Petit Nömad

La Chapelle des Italiens

33 rue Paul Saïn Avignon

samedi 22 mars à 18h30

Une belle averse printanière a guidé les pas du public jusqu’à ce lieu avignonnais chargé d’histoire devenu salle de spectacle. Hier, elle a accueilli un artiste aux talents pluriels.

Présenter Petit Nömad comme un slameur ne suffirait pas tant le poète en lui, le passionné de mots formule et déplie ses textes bardés de jeux de mots qu’il dit d’emblée affectionner par dessus tout.

Néanmoins, c’est avec beaucoup d’élégance qu’il joue des mots et de leurs agencements, des liaisons et des ruptures qu’il invite à entendre avec délicatesse. En sandales et bracelet de grelots à la cheville, il frappe ses rythmes, les dispose comme un paysage propre à recevoir ses textes.

Une belle simplicité, un naturel en lui laissent ses mots et ses musiques s’installer comme des évidences. Etrangement, ce n’est pas une rencontre avec un artiste, c’est une retrouvaille. Petit Nömad possède ce don rare de faire croire à son public, qu’il est sien alors même qu’il le découvre.

L’authenticité de l’artiste s’impose dès les premières paroles, le charme opère et la salle lui est acquise immédiatement.

Ses textes  sont écrits, ciselés. La diction est envoutante, addictive dirait-il peut-être. Ses rythmes scandent ses mots, frappent l’imaginaire et cueille notre adhésion.

Poète, ménestrel, troubadour-baroudeur-partout pourrait-il dire de lui même s’il fallait tenter de se définir, mais il a la pudeur de ne pas le faire. Alors il conte son histoire, ses errances, son être en construction d’être, et illustre de slams sa narration. Rien de démonstratif, ses textes lui ressemblent  et se laissent partager avec le public invité à participer.

Le lien qu’il sait instaurer avec lui procède de l’immédiate sympathie, du parler-vrai. Le Jeu du Nous est avant tout un partage qui se tisse sur la sincérité. Le vécu des voyages a nourri véritablement l’artiste. Les rencontres d’autres cultures ont enrichi la sienne. Les philosophies d’ailleurs foisonnent dans ses textes et affleurent dans ses mots.  L’artiste semble construit à la croisée d’un melting pot de différentes civilisations au voisinage d’ethnies qui auraient rassemblé leurs dialectes et leurs différences en un esperanto de paix.

Les thèmes sont tous éminemment humains. Il est aussi question des peurs et Petit Nömad semble attaché à ne pas celer/ sceller d’une chape de silence, celles qui sont communément partagées dans nos sociétés d’exclusion. Pour lui, la fraternité est constitutive de l’homme, sans elle la barbarie est cannibale. L’amour est vie, joie et souffle.

Les rythmes qui percutent ses mots sont des attestations simples mais efficaces du sens, comme des prolongements en écho assertif. Le thorax frappé prend alors une dimension symbolique, coeur battant, pulsation intense vitale.  La vie comme une chance à reconnaître et à respecter est affirmée avec joie. Son plaidoyer joue à plein et son efficacité n’ôte rien à la fraicheur de l’interprétation aussi ténue parfois que les sons discrets des grelots du bracelet de sa cheville.

Il faudra vraiment suivre attentivement l’artiste dans ses prochaines créations et dans ses errances  comme il les nomme de salle en salle. Celle de la Chapelle des italiens  lui a offert une belle qualité de son et une création lumières à la hauteur de Petit Nömad.

A suivre donc

Nadine Eid