Il était un coeur
- Fanny Inesta
- il y a 2 jours
- 2 min de lecture
Théâtre des Vents
63 Rue Guillaume Puy Avignon
Le 12 et 13 Avril 2025
Festival Off 2025 au Vieux Balancier
2 rue Amphoux Avignon à 16h30
photos: F. Inesta
On entre dans « Il était un coeur » comme on ouvrirait un vieux grimoire aux pages froissées, encore imprégnées des rêveries d’un enfant un peu trop grand pour son âge. Sur scène, seul avec sa guitare, un chapeau vissé sur la tête comme un clin d’œil à Buster Keaton, Joris Carré déploie un univers à la fois loufoque et profondément humain.
Un spectacle qui ressemble à des bulles de savon : fragile coloré, imprévisible! Une échappée douce-amère, bricolée avec trois fois rien et surtout avec beaucoup de grâce, qui joue des codes du conte pour mieux les tordre, comme on plie une feuille en quatre pour y écrire quelque chose d’essentiel. Un conte qui déraille avec panache car oui, l’histoire pourrait sembler cousue de fil blanc : un jeune homme qui rêve de devenir chevalier, une princesse, des brigands... Mais c’est précisément dans cet élan vers le déjà-vu que le spectacle prend un malin plaisir à bifurquer. Car le cœur de ce "héros", justement, n’est pas comme les autres... et le spectacle non plus.. Ici, la quête n’est pas de conquérir un trône mais de comprendre ce cœur trop grand qui bat dans sa poitrine, cet organe symbole de démesure, d’espoir, de doute .
Joris Carré revisite les archétypes du récit chevaleresque dans un costume fait main qui respire l’amour du théâtre artisanal.Une pièce modeste, loin des grands moyens et des artifices, mais généreuse, un conte qui rappelle que le plus grand des voyages commence parfois… avec un battement de cœur un peu différent.
Joris Carré joue sur les registres et les saute comme un cabri : une joli voix, un accord de guitare qui fait irruption quand on ne l’attend pas, une écriture intelligente, et un comédien tout en finesse. Le rythme est soutenu, et sous les accents burlesques, affleure une sincérité , une fragilité qui touche sans appuyer. Sous ses airs de fable médiévale, il dit tout de la difficulté d’être au monde, de l’angoisse de devenir adulte sans renier l’enfant qu’on fut. On y entend battre les échos de Perceval, de Gauvain, mais aussi de tous ces jeunes gens contemporains aux cœurs trop pleins pour une époque trop difficile.
Avec ce spectacle, Joris Carré confirme une voix singulière dans le paysage théâtral jeune public, mais aussi bien au-delà." Il était un coeur " touche, rassemble, émeut. Un conte, oui. Mais un conte qui fait du bien là où ça bat fort, comme un souffle chaud sur les jours gris. A voir en famille.
Fanny Inesta
De et avec: Joris Carré
Un très beau moment !
Encore une critique loin de ce qu’on lit trop souvent ,une critique juste et intelligente