Hamlet, take away
Dernière mise à jour : 15 juil.
du 1er au 21 Juillet 2024
Théâtre de l'atelier Florentin Avignon à 17h40
Il y a des pépites dans ce festival d'Avignon, en voici une à découvrir absolument!
"Hamlet Take Away" est une critique acerbe de notre époque, où la quête de l’apparence prime sur l'essence. Le célèbre monologue "Être ou ne pas être" de Shakespeare est réinterprété en "Être ou paraître"et souligne la superficialité des relations humaines à l'ère des réseaux sociaux. Dans un monde où l’on préfère se cacher derrière des filtres et des "likes" plutôt que de se confronter à la réalité, Hamlet devient le porte-parole d'une génération perdue dans une quête de validation externe. Il devient le miroir de notre propre mal-être et de notre inadéquation face à un monde en perpétuel changement.Ces mots nous forcent à réfléchir : « Être ou paraître, c’est ça le choix. » Cette phrase résume la dualité de notre existence moderne, tiraillée entre le désir de se connaître vraiment et la tentation de se perdre dans des communautés virtuelles pour se sentir moins seul. Les selfies souriants, les photos retouchées, les posts de moments idylliques deviennent des masques qui cachent une profonde insécurité et une peur de disparaître. "To be or Selfie. This is the question for me, my friend," dit Hamlet, posant ainsi une question cruciale sur notre identité et notre besoin d'acceptation.
La pièce, brillamment interprétée par Gianfranco Berardi, joue un Hamlet qui a évolué avec son temps. Ce n'est pas le prince danois traditionnel, rongé par l'indécision et la quête de vérité, mais un Hamlet qui préfère échouer plutôt que de rester inactif. Et comme il est bien loin d’être inactif ! C’est une boule d’énergie qui plonge tête la première dans les tumultes de la réalité. Gianfranco Berardi, non voyant, incarne tous les personnages avec une fluidité impressionnante, nous le suivons dans son parcours tumultueux , dans son voyage en Angleterre avec son père pour rencontrer ce grand professeur et entendre son diagnostic concernant sa vue… dans sa quête de devenir comédien et les refus des directeurs de théâtre. Il nous offre un magnifique moment où les personnages qu’il interprète sont symbolisés grâce à un banc, avec lequel il danse où le jette face à terre, soulignant la violence, le désir ou l’absurdité des situations.Sa capacité à se mouvoir, à danser, à gesticuler dans un espace réduit, avec une telle agilité , une telle énergie est un véritable tour de force. Il va même au milieu du public, joue avec lui et les rires fusent, il dépasse les limites de sa condition...
Sa prestation est accompagnée par Gabriella Casolari, en état de symbiose, qui le guide et le soutient avec une grâce subtile. Sa présence est à la fois rassurante et stimulante, une force silencieuse qui guide l'action et maintient l'équilibre dans le chaos.
Loin d’être le Hamlet romantique, il en fait un personnage moderne.Et la mise en scène l’entend bien comme cela. Superbe et juste. Dans le mille !
Une pièce qui combine l’art des mots à ceux du corps et de la voix. De belles postures qui jouent sur les nuances, et les subtilités du texte , un esthète lumineux à l’énergie féroce où l’émotion est tissée au millimètre près. Un beau moment de grâce que nous ne sommes pas prêts d’oublier !
Fanny Inesta
De Gianfranco Berardi et Gabrielle Casolari
Mise en scène: Gianfrano Berardi et Gabrielle Casolari
avec Gianfranco Berardi et Gabrielle Casolari
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