Folies au manoir

Théâtre du Roi René

4 Rue Grivolas Avignon

du 29 Juin au 21 Juillet 2024 à 22h15 (relâche les lundis)

crédit photos: F. Inesta

Il fallait l'impétuosité et la folie créatrice de Louise Colette pour se lancer dans " Folies au Manoir", une pièce où l'absurde côtoie le drôle avec une belle audace. Pour y arriver, il faut même une pointe de culot, une bonne dose de talent et une troupe qui tient la route… C’est le cas ! Chaque scène est une explosion de créativité et d’humour déjanté c’est décalé, jubilatoire, et l’énergie qui se dégage de la scène est tout simplement démoniaque.

Dès les premières minutes, le ton est donné .Le public est invité à se plonger dans l'univers feutré d'un manoir anglais des années 50. Le décor, soigné et élégant, rappelle l'atmosphère des grandes demeures britanniques de l'époque,et l’utilisation du tartan, au-delà de son esthétique, symbolise l’uniformité dans la folie des personnages, soulignant que chacun, malgré ses différences et ses excès, se vaut dans cet univers délirant . Sur les murs, point de tapisseries d’époque, mais des tableaux de Serge, le bel alpaga, ce camélidé qu’affectionne particulièrement Jean-Eude...et que l’on retrouve même dans sa coiffure...

L'histoire s'ouvre sur une note solennelle. Alors que Marie- Christine jouée par Louise Colette et son époux Jean-Eude joué par l’excellent Tchavdar, rentrent de l'enterrement de la tante richissime de ce dernier. La nouvelle de l'héritage qu'ils reçoivent semble promettre une belle amélioration de leur situation financière. Cependant, cette fortune inattendue devient rapidement source de tensions, de conflits…et de meurtre ! Une comédie policière ou se mêlent la dramaturgie et les côtés sombres de l’être humain ! Du jeu de tous les comédiens, des personnages à leurs costumes, du décor à la lumière, des chorégraphies endiablées, la mise en scène regorge d’idées, le spectacle fourmille de bonnes trouvailles, un travail minutieux et une énergie folle.En bref, le travail est remarquable !

On sent une maîtrise totale de l’art de la comédie, où chaque élément, chaque geste, et chaque intonation sont parfaitement orchestrés.Les déplacements, les mimiques et expressions de Tchavdar dans le rôle de Jean-Eude et de ceux de Stéphane Giletta (dans le rôle de Victor et du commissaire de police)pourraient presque être ceux d’une caméra, qui découpe avec un œil de lynx, image par image, chaque nouvelle étape de leur transformation.

Le délire est partout, aussi bien dans l’action que dans les personnages qui pour certains relèvent du cauchemar. Une brillante distribution, tous s’en donnent à coeur joie ! Des rebondissements incessants et des révélations surprenantes. Les quatre comédiens, tous survitaminés et dotés d'un indéniable sens du comique, embarquent le public dans une enquête folle, totalement loufoque et déjantée. Leur performance est soutenue par une mise en scène inventive et tonique, pleine de virevoltes et de surprises. Chaque scène est conçue pour maintenir l'énergie et le rire, garantissant un divertissement constant.

Le soin apporté à chaque aspect de la production, de l'écriture à la mise en scène, en passant par le jeu des acteurs, en fait un spectacle parfait et réjouissant. Une pièce à ne surtout pas manquer pour tous les amateurs de rire et d’énigmes rocambolesques.

Une pièce pour ceux qui cherchent à s'évader dans une enquête aussi hilarante que décalée.On ressort de ce spectacle avec le sourire aux lèvres et le cœur léger, revigoré par l’énergie et l’inventivité de cette talentueuse compagnie.

Fanny Inesta

Ecrite et mise en scène: Louise Colette

avec: Tchavdar, Stéphane Giletta, Benjamin Alazraki et Louise Colette

Chorégraphies: Earlene

Création des décors: Bernadette Cor-Delorme

Création des costumes: Nicolas Besson

Attaché de presse: Denis Sublet

Une deuxième critique :

Extravagance exquise, nous y sommes ! Victor, le majordome  nous accueille poliment mais d'une façon bien déjantée dans le manoir bien avant l'ouverture du rideau. Le décor de Bernadette Cor-Delorme nous envoûte par ses couleurs criantes sur un fond de jersey genre tartan bien rouge. Surgit alors le maître de séant :Jean Eudes, du même style que ses tentures mais affublé d'une coupe mulet de chez mulet il faut dire qu'il est amoureux d'un alpaga. Il vient de mettre sa tante en terre mais seul l'héritage l'importe. Marie Christine sa femme est amoureuse de l'ami de son mari, mais je vous laisse découvrir l'imbroglio.

De l'humour puissant et des acteurs débordant d'énergie, un cocktail qui met le feu sur scène. Ils nous absorbent dans leur jeux, nous prenant même à parti dans une explosion permanente de couleurs. Les adjectifs ne sont pas suffisants pour décrire l'ambiance sur scène, mais les Monty Python se sentiraient comme chez eux.

L'écriture du spectacle est très bien rédigée sans être grasse ou vulgaire, une pincée de coups de théâtre, de ridicule et de tartes à la crème apportent de la croustillance et des éclats de rire.

Louise Colette est le pilier de cette folie en tant que autrice, metteuse en scène et dans (le les) rôle (s) de  Marie Christine / Marie Victoire. Elle fait preuve d'une vivacité désopilante  en manipulant l'adultère, la duplicité et la cupidité sans aucun gêne.

Victor,  interprété par Stéphane Giletta me cause bien de l'inquiétude, tenir tout le festival et les répétitions sans rapporter de tics , de rictus et de troubles du langage à la maison doit nécessiter l'intervention d'un psy réputé. J'ai adoré son (ses) rôle car il est terriblement dévoué, torturé mais sympathique.

Igor est un drôle de type, sournois, fielleux et à la mine chafouine; un comptable sans aucune probité une espèce de rat que l'on voudrais chasser.

Tchavdar est Jean Eudes le tôlier ! Il doit se shooter à la caféine tant il est déchaîné et incontrôlable sur scène, d'un jeu de mimiques extravagant il impose le ton dans le manoir, pourtant il n'est pas net du tout.

Chapeau à la mise en scène où tout s'agite, saute et danse en suivant un texte qui représente un fameux travail.

Bref, un grand bravo pour cette folie à déguster en fin de soirée ; laissez vos réflexions de côté et baignez vous dans ce show surréaliste.

Dominique Mesle