Dorothy
FESTIVAL OFF AVIGNON 2021
Théâtre du Chêne Noir
Être riche et célèbre, talentueuse et admirée ne vous ouvre pas forcément les portes du bonheur. C’est avant tout ce qu’on peut retenir à propos de Dorothy Parker.
Souvenez-vous, elle tenta de se suicider à trois reprises, fut mariée trois fois et ses cendres après sa mort ont connu bien des vicissitudes… Elle avait proposé pour son urne funéraire l’épitaphe : pardon pour la poussière.
De son vivant, elle était pour ses amis tant une personne amusante que tragique.
Elle était inscrite sur la liste noire du maccarthysme. Ce n’est pas une tare bien au contraire, c’est juste pour signaler qu’elle était une femme engagée avec des convictions. Elle mourra seule, oubliée de tous, d’une crise cardiaque dans sa chambre d’hôtel entre un chien et une bouteille d’alcool à soixante-treize ans en 1967, ça c’est plutôt triste.
Zabou Breitman redonne vie l’espace d’un instant à cette femme singulière en puisant dans ses écrits à la plume caustique.
Elle devient à cette occasion un véritable couteau suisse, ayant écrit, mis en scène et joué cette pièce tout en assurant la partie technique à vue. Se changeant sur scène, modifiant le décor et les accessoires. Cela donne une pièce tonique et intime, une espèce de moment privilégié partagé entre quelques-uns.
À l’entrée dans la salle de spectacle, Zabou est déjà sur scène mettant en place les objets, puis allant sur le devant de la scène regarder le public entrer, envoyant un mot par ci, un autre par-là… elle assure une présence, un accueil.
Mais aussi elle nous fait pénétrer dans son espace personnel, dans celui de son récit qui démarre.
Et elle va nous raconter la vie de cette femme d’anecdotes en anecdotes, avec commentaire inclus.
C’est tonique, amusant et peu à peu Dorothy Parker se dessine, s’impose, se révèle. Sa personnalité nous séduit, nous attire.
Beau travail d’écriture, belle interprétation. Zabou Breitman ne nous a pas déçus, bien au contraire.
C’est délicat, abouti, on est captivé. Elle a su donner vie au personnage qu’elle incarne à merveille dans une mise en scène intelligente et resserrée.
Jean Michel Gautier
Conception, écriture et interprétation Zabou Breitman
D’après des nouvelles de Dorothy Parker Création lumière Stéphanie Daniel Création son Yoann Blanchard Costumes Zabou Breitman et Bruno Fatalot Accessoires Amina Rezig Assistante à la mise en scène Laura Monfort Chorégraphie Emma Kate Nelson
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