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Photo du rédacteurFanny Inesta

Blanche l'Odyssée d'une vie

Dernière mise à jour : 24 juil.

Présence Pasteur Avignon

Du 5 au 21 juillet 2024à 22h

Une pièce fascinante qui atteint les sommets ! Un véritable coup de coeur pour ce spectacle , du théâtre comme l’on en voit rarement ! Au centre, une immense table de ferme , elle est l’ élément central du décor qui se métamorphose au fil des scènes : elle deviendra tour à tour table de repas familial, quai de gare,toit de la grange, piste de danse, et bien plus encore car elle renferme un tas de secrets, c’est d’une ingéniosité remarquable...Cette polyvalence du décor nous plonge immédiatement dans un univers riche et varié, où chaque élément peut prendre une nouvelle signification...Blanche joué par l'extraordinaire Mélanie Vinolo est à ce jour est une vieille dame à la mémoire vacillante, qui prépare sous nos yeux une soupe pour toute sa famille. Le public est invité à partager ce moment en étant installé de part et d’autre de la table dans un espace bifrontal. Dans cet environnement de cuisine parsemé d’ustensiles, de légumes frais, tout en nous livrant sa fameuse recette, Blanche évoque son enfance, ses amours et tous les moments marquants de son existence. D’une armoire en bois, représentant le réel ou la fiction, la vie ou la mort, surgissent tous ceux qui ont jalonné sa vie. Ils sont vêtus de blanc ces revenants, le visage, les cheveux recouverts de farine (nous sommes dans une cuisine!) Une dimension éthérée et spectrale à ces êtres poétiques et vieillis, une atmosphère visuelle saisissante et onirique.Ils apparaissent et disparaissent mi-fantômes, mi-guides, dans un ballet de lumière . Cet élément scénographique sert de frontière tangible et mystérieuse, permettant aux personnages de naviguer entre les différentes époques et dimensions de la mémoire de Blanche.

Cette pièce est une magie des images et des corps, la grande nappe qui recouvre la table est comme un tréteau au vent,les situations, les personnages comme une page blanche qui s’ouvre à l’imaginaire, comme un livre maquette d’où s’échapperaient tourbillonnants, portés par un génie, tous les comédiens et tous les épisodes, succession de portraits au milieu des errances imaginaires ou réelles de Blanche. Cette pièce est un enchantement, une durée de poésie visuelle irréprochable, un chef d’oeuvre théâtral . Un spectacle habité, construit comme un parcours émotionnel, en ondes fortes et sensibles qui se vit comme un parchemin du coeur. Le ressenti et l’émotion prennent le dessus. Un spectacle qui nous rappelle ce que nous devons au théâtre quand il est excellent ! Une pièce sublime à la richesse inépuisable : Croyez moi, courrez applaudir, cela finira en standing ovation comme chaque soir !


Fanny Inesta


Mise en mots: Mélanie Vinolo

Mise en scène: Hervé Estebeteguy

Avec: Camille Duchesne, Diane Lefébure, Mélanie Vinolo et Arthur Pérot

Création lumières: Julien Delignières

Création sonore: Mathias Goyheneche

Scénographie: l'Atelier Moa

Plasticienne: Annie Onchalo



Le regard et le ressenti de Nadine Eid:


« Quand j'ai connu Blanche, elle portait un petit chapeau de feutre, cloche, très enfoncé, d’un feutre extraordinai-

rement tendre, léger, mou, comme si ça lui avait fait quelque chose de coiffer Blanche. »

Blanche ou l’oubli

Aragon

Ressenti en silence


La grande table de ferme et l’armoire sont heureuses d’être le décor de Blanche.


Etrange sensation que celle qui nous accompagne au sortir de la pièce. Impression de revenir difficilement d’une fiction dans laquelle nous avons été immergés et de laquelle nous tardons à revenir. Ce qui demeure prégnant, c’est la sensation d’émerger d’un film. L’esthétisme de la pièce, le décor et l’utilisation des procédés en ont fait une pièce très visuelle, portée par la singularité des tableaux proposés tous emplis de détails marquants qui campent un univers daté et typé, la ferme et ses lieux dans les années de la décolonisation de l’Algérie.


Les nombreuses trouvailles qui enrichissent la fonctionnalité de la grande table de

ferme- espace et lieux de toutes les réminiscence

-  font écho à celles recelées par l’armoire, gardienne des souvenirs et point de jonction entre le vécu et le présent de Blanche.

Les morts peuplant ses souvenirs récents ou lointains qui fusionnent et jouxtent les piles de linge de maison sont autant de trésors présents dans lesquels elle puise avant son départ. Lorsque les portes de l’armoire s’ouvrent sur ceux qui viennent l’accompagner en musique, les lieux se métamorphosent en scène onirique. Avec l’extinction de son souffle, très joliment visualisée par la poussière de farine jetée et retombante, c’est un pan de vie qui s‘évanouit et se recrée dans une vision évanescente floutée par la farine.

On en sort comme d’un rêve, avec des images que nous relions les unes aux autres par un récit posthume qui donne corps à nos souvenirs.


Blanche, l’Odyssée d’une vie se savoure aussi comme une pièce mise en images, au  « scénario » presque secondaire, à la vocation d’illustrer peut être ce qui pourrait même se voir en silence et se lire esthétiquement. La prégnance du blanc comme celle de la poussière de farine tracent la sente onirique de nos souvenirs.









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Nous sommes Fanny Inesta et Jean-Michel Gautier, chroniqueurs indépendants et surtout passionnés de théâtre, d’expositions, et de culture en général. A ce jour, nous créons notre propre site, avec nos coups de coeur et parfois nos coups de griffes… que nous partageons avec vous.

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