Blanc de Blanc
Théâtre Transversal
Rue d'Amphoux Avignon
du 29 Juin au 21 Juillet 2024 Les jours pairs
10h45 (relâches les mardis)
Crédit photos: F. Inesta
Blanc de blanc, l’éloquence du silence
Dans un monde où parfois les mots saturent nos vies, la pièce "Blanc de Blanc" de Shu Okuno nous offre un refuge de silence et de contemplation. Il nous livre une véritable suspension poétique, se présente comme un haiku visuel, une toile blanche qui se dessine sous le geste sublime du mime. Des saynètes où chacune d’entre elles est une petite histoire, un fragment de vie qui capturent des instants fugaces, et les transforment en tableaux vivants.
Tout a commencé avec le Covid nous dit-il :" il m’a rappelé l’importance des autres, et le sentiment que tout peut s’effacer en un claquement de doigts. J’ai donc réalisé l’importance de graver dans ma mémoire des moments chéris dans la mélancolie et la tendresse de ce temps qui parfois s’étire et s’écoule négligemment."
Une des nouvelles est intitulée « Ambiance Dimanche »Shu Okuno capture le brouhaha des cafés, les conversations animées, les jeux des enfants, le soleil , les bancs occupés et les amis que l'on salue,.... Son corps devient un instrument d'une rare éloquence, capable de transmettre ce joyeux dimanche sans qu'un mot ne soit prononcé. La gestuelle d'Okuno est à la fois délicate et puissante, chaque mouvement semble pensé, pesé et exécuté avec une belle précision.
Shu Okuno, digne héritier de Marcel Marceau a trouvé son propre univers. Dans un costume très recherché et créé par Michiko Kono, il nous offre une heure hors du temps . Tout semble délié de la gravité, flottant avec une grâce éthérée qui se distingue par sa pureté et sa simplicité, une véritable introspection silencieuse.
Le spectacle puise son imaginaire dans des fragments de vie, des moments fugaces et précieux. C’est une célébration subtile de l’existence, un rappel de la beauté inhérente aux instants simples et souvent négligés de notre quotidien.
Shu Okuno, mêle la tradition du mime occidental avec une esthétique japonaise où l’économie des mouvements, typique de l’art japonais, permet à chaque geste de prendre une signification profonde. Dans cette épure, Shu Okuno crée une danse silencieuse où chaque pas, chaque pause, devient une expression du temps qui s’écoule, de la vie qui se déroule. C’est un art qui demande de la patience et de l’attention, une invitation à ralentir et à savourer le présent.
Les œuvres musicales du pianiste Jordan Tumarinson, avec qui Shu Okuno a collaboré pour ce spectacle, jouent un rôle essentiel. Elles ne sont pas seulement une toile de fond, mais un véritable partenaire de scène qui dialoguent avec les mouvements du mime. La scénographie de Nanako Ishizuka est minimaliste et écologique, et en accentue toute la poésie. La création lumière de Nakasa Marika joue sur les ombres et les contrastes et donne une dimension spirituelle à l’ensemble.
C’est une méditation en mouvement, une ode à la beauté simple et à la magie de la vie. Shu Okuno, avec sa maîtrise inégalée du mime et son esthétique raffinée, nous montre que parfois, il suffit d’un geste pour toucher l’infini.
Blanc de Blanc nous offre une parenthèse hors du temps, idéale pour se ressourcer au milieu de l'effervescence du festival.
Fanny Inesta
Mise en scène, chorégraphie, interprétation: Shu Okuno
Compositeur: Jordane Tumarinson
Snénographie: Nanako Ishizuka
Création lumière: Marika Nakasa
Costume: Michiko Kono
Conception visuelle: Chiho Ichikawa
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