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Photo du rédacteurNadine Eid

Conte à rebours


Théâtre des Lila’s

8 rue Londe Avignon

du 2 au 21 juillet 2024 Jours pairs à 17h17 en alternance avec La Pérille mortelle ( jours

impairs) relâche les lundis

photos Nadine Eid




Partant du constat  manifeste que les contes de fées véhiculent la pensée sexiste à des fins d’éduquer les enfants dans l’acceptation du clivage des genres sexe fort ou sexe faible, Typhaine D propose avec Conte à rebours, une réécriture anti-sexiste de ces contes.

Autrice et comédienne, Typhaine D use de sa propre langue pour parler. La Féminine Universelle rétablit à la syntaxe ce qui revient à Cléopâtre, et, plus simplement énoncé, la machiste règle  « du masculin qui l’emporte sur le féminin » est inversée. Les e de féminité  fleurissent et les valeurs égalitaires défendues par la comédienne sont en totale harmonie avec la langue utilisée pour ce faire.


Dans Psychanalyse des contes de fées Bruno Betthelheim montrait la valeur thérapeutique des contes de fées. Reflets des conflits et des angoisses spécifiques liés à des stades de son développement, ils permettraient au jeune enfant de découvrir le sens profond de la vie tout en l’amusant. L’aspect ludique rassurant l’aiderait à canaliser ses émotions pour résoudre les problèmes auxquels il est confronté. Rapidement dit, il s’agirait d’initier en évitant les angoisses paralysantes par le truchement du divertissement.

Les analyses jungiennes complètent l’approche de Betthelheim en s’attachant à l’aspect universel des contes de fées. Comme les mythes et les légendes, mais en plus faible proportion cependant, les contes de fées proposeraient des modèles de base de la psyché, des éléments et du matériel culturel ou encore comportemental. Plus simplement formulé, ils livreraient des archétypes en lien à notre inconscient collectif.

Dès l’apprentissage de la lecture, voire plus tôt si l’histoire est racontée, nourries de ses contes, les petites filles sont induites à penser le bonheur comme l’accomplissement des tâches ménagères hedomadaires en attendant le retour des sept nains ou l’arrivée du prince charmant. Les petits garçons quant à eux sont confirmés dans leur rôle de futurs maitres détenteurs d’un pouvoir d’assujettissement sur leur femologue ! (sic homologue).


Avec un humour décapant qui fait un bien fou, Typhaine D déconstruit les bases éculées de l’esclavage des femmes en revisitant les inepties de l’écriture propagandiste des contes de fées destinés à assoir l‘asservissement des petites filles et la domination des petits garçons.

L’écriture de la comédienne est étayée, très solidement charpentée d’exemples imparables. Elle est interprétée avec la puissance d’un formidable élan instillé par la légitimité des propos, la volonté militante de faire cesser l’ignominie et l’urgence.

Le choix d’utiliser l’humour est redoutable d’efficacité car en conférant le ridicule à ce qui est inepte, toute velléité de réponse ou de contestation part aux oubliettes.

Le soin de confier à Michèle Larrouy la création des costumes, est des plus judicieux.    Les robes de Blanche Neige, Cendrillon ou Shéhérazade sont des trésors d’inventivité. Elles contribuent à porter peau avec vêtement les slogans de la révolte sur la robe de Blanche neige. Les gants rose-Mappa du bustier et des jupons de Cendrillon remplacent  le rose-barbie (effroi de la consonance homonymique du tragiquement célèbre Klaus) de sa robe de princesse, pour rétablir la triste réalité qu’ils illustrent.

Typhaine D, vous l’aurez compris, fait plus que dénoncer « papa lit, maman coud », elle vous livre des faits irréfutables, intolérables car iniques. Son tour de force, elle s’y  emploie avec une rare intelligence en alternant, à la vitesse de la lumière, l’hilarité et l’énonciation glaçante.

A voir et à revoir, les robes endossées varient selon les représentations, son talent et sa prestation sont à découvrir par tous y compris et surtout les machos. Il n’est jamais trop tard pour tenter de comprendre.

Oeuvre salutaire, coup de coeur absolu.



Nadine Eid



écriture, mise en scène, scénographie, création lumière et interprétation Typhaine D

Création costumes et accessoires Michèle Larrouy

production Cie Elle était une fois


































































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Nous sommes Fanny Inesta et Jean-Michel Gautier, chroniqueurs indépendants et surtout passionnés de théâtre, d’expositions, et de culture en général. A ce jour, nous créons notre propre site, avec nos coups de coeur et parfois nos coups de griffes… que nous partageons avec vous.

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