Madame Bovary

Dates : Du 3 au 21 juillet 2024

Pas de relâche 

Durée : 1h15

Lieu : Théâtre des Corps Saints Avignon

Genre : Classique revisité, duo humoristique 

photo: Philippe Laurent

« Madame Bovary, en plus drôle et moins long » : la petite friandise du festival d’Avignon ! 

Emma, la paysanne devenue bourgeoise, bien reçue au château ne peut pas monter dans l’aristocratie. Elle sera mariée par son père à Charles, aimée par Léon, un bourgeois, par Rodolphe, fils de famille et auteur de la plus cruelle lettre de rupture de la littérature. Emma prend ses désirs pour des réalités et se tue par un poison. Bovary meurt rapidement. Il reste la petite Berthe « dont tout le monde se fout ». 

Voilà comment résumer l’œuvre de Flaubert ! 

Mais nos deux comédiennes déjantées le font en plus drôle et moins long. La mise en scène ne tombe pas dans la parodie. Dans la salle, on rit, on jubile grâce à la folie et au dynamisme des comédiennes. 

On évite alors l’ennui des longues descriptions romanesques. Le but est bien de décrire sans donner trop de place à la description. Cette pièce souligne le danger du roman réaliste. 

C’est bien l’ennui l’ennemi de ces pages et du théâtre.  

Emma s’ennuie. Le lecteur comme le spectateur ne doit pas s’ennuyer. L’ennui dans ce monde qui s’écoule de pages en pages nous guette. Ainsi, Emma tente de s’élever de Yonville-l'abbaye à Paris, va au spectacle à Rouen, chantant Lucia di Lammermoor. L’ironie sur certaines descriptions réalistes participe à ce comique naturel et jouissif. 

Une lumière s’allume et s’éteint pour marquer le début et la fin du roman. Puis tout part en zigzags. 

L’entremêlement de l’histoire du roman, de la vie personnelle des comédiennes, de leur rencontre, de leur parcours, les débordements ou digressions, leurs apparentes improvisations, rendent cette adaptation théâtrale délicieuse. 

Théâtre dans le roman ou roman théâtralisé ? Ce spectacle est à la fois là révélation d’un roman étudié trop tôt à l’école et une remarquable interprétation, faisant ressortir toute la grandeur tragique et comique. 

Tel un bonbon, cette pièce est gustative, délicieuse, amusante, agréable. Intelligente et menée avec talent par nos deux artistes, elle prolonge le rêve d’Emma entre fantasme et réalité en évitant le théâtre de l’ennui et l’ennui de la vie ! C’est la magie du théâtre de transformer l’œuvre sans détruire le rêve ! 

Joshua Laffont-Cohen

Distribution :  Camille Broquet et Marion Pouvreau

Mise en scène :  Decesari 

Un 2ème article pour ce spectacle

photos: Dominique Mesle

Madame Bovary 

Littérature, scolarité, rébarbatif sont les thèmes abordés par ces deux dames. Peut-être deux profs attachées à nous faire digérer un roman publié en décembre 1856. Les livres s'améliorent-t- ils dans le temps comme un bon vin ?

Camille et Marion avec pour seul décors 4 poufs de couleur se lâchent pour nous présenter ce célèbre roman. Une énergie de tous les instants, une présence dynamique, et de l'humour ! Il n'est rien de plus ardu que de susciter des rires sans tomber dans la niaiserie, la vulgarité ou la méchanceté. Ici tout est écrit à la perfection, à noter que les actrices ont elles même porté le texte sur papier. Camille Broquet et Marion Pouvreau nous relatent, nous interprètent le roman avec une mentalité de 2024, et un regard féminin. "Il veut la pécho" une expression pas vraiment écrit par Gustave Flaubert mais c'est assurément ce que voudrait Rodolphe Boulanger (ce n'est pas son métier...) avec Emma.

C'est bien écrit et malgré le scénario qui semble être totalement improvisé, la mise en scène est sculptée au laser. Dans un coin de la scène: une lampe. En dessous repose virtuellement le roman dont elles tournent les pages.

C'est de la littérature, c'est drôle, c'est vivant, c'est bien joué. Je trouve aussi intéressant le fait que cela puisse créer un désir de lire Gustave Flaubert..

Dominique Mesle

Un spectacle écrit par Gustave Flaubert (1821 1880)